Amérique – Europe
Essayons de voir le bon côté des choses. Donald Trump, dans son style simple et brutal, a le mérite de la clarté. Sans prendre de gants, il prévient néanmoins le monde de ce qui l’attend : sur le plan économique aussi, plus que jamais, les intérêts de l’Amérique passeront avant tout le reste.
A dire vrai, c’est déjà le cas : depuis plusieurs années, Joe Biden a déployé une politique industrielle redoutable, faite d’énergie bon marché et de larges subventions aux investissements locaux. Il faudra bientôt y ajouter un nouveau durcissement des relations commerciales, ce qui constitue, pour une Europe quasiment déjà à l’arrêt, un défi considérable. Dans un rapport sans concession, l’ancien Président de la B.C.E. Mario Draghi a démontré l’étendue du décrochage en cours face aux géants américain et chinois. De moins en moins compétitive, l’industrie européenne est condamnée à une « lente agonie », faute d’investissements massifs nous prévient le sauveur de l’euro.
Si l’électrochoc de Trump peut dessiller les yeux des européens, son élection leur aura rendu un fier service. Mais l’Europe est-elle en état de relever le défi ? Finances publiques, politique énergétique, stratégie industrielle… La France et l’Allemagne, censées prendre la tête du sursaut, ne s’entendent à peu près sur rien. Des deux côtés du Rhin, l’économie flageole. Comble de malchance, Paris et Berlin traversent au même moment une crise politique majeure, qui paralyse toute initiative d’envergure pour une durée indéterminée. La machine normative européenne, en revanche, continue de tourner à plein régime.
Largement responsable de la perte de compétitivité européenne, elle produit chaque jour des réglementations qui brident les initiatives, dissuadent les investissements et entravent les entreprises. Finance, automobile, chimie, sidérurgie, agriculture… Pas un secteur n’échappe au laminoir bruxellois. Autant dire que la tâche paraît bien ardue.
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