Rencontre avec Jérôme PEYRAT et Franck DUVAL Président / Directeur du S.I.C.T.O.M. du Périgord Noir
Question : Sur le thème « le monde des déchets vit sa révolution ! », le S.I.C.T.O.M. du Périgord Noir engage actuellement une vaste opération de communication. Quelles en sont les raisons ?
Jérôme PEYRAT : Afin de mieux comprendre tous les changements en cours dans le secteur des déchets, particulièrement sur notre territoire, avec l’ensemble des 120 délégués communaux de notre comité syndical, nous avons souhaité cette communication en direction de tous les habitants. Cela se traduit par l’envoi, à tous les foyers (21 000), d’un support écrit de 8 pages, par des entretiens dans la presse locale ainsi que l’achat d’espaces d’information dans Sud-Ouest et l’Essor Sarladais.
Franck DUVAL : Il s’agit de faire passer de nombreux messages, car cela n’est pas toujours clair pour tout le monde.
Le premier porte sur la loi de transition énergétique. Demain, nous devons produire moins de déchets et faire évoluer nos pratiques de collecte, pour mieux valoriser ceux que nous collectons. Nous devrons aussi diminuer de moitié les quantités de déchets éliminés en enfouissement.
Si rien n’est fait, nos coûts et nos impôts exploseront. Bine évidemment, personne ne le souhaite. Nous devons donc collectivement nous mobiliser pour éviter une telle situation !
Question : Le S.I.C.T.O.M. a fait le choix de maintenir la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (T.E.O.M.) en Périgord Noir. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
Jérôme PEYRAT : Au terme d’une large concertation avec les Présidents des Communautés de Communes, les 58 Maires de notre territoire ainsi que lors d’un comité syndical, le S.I.C.T.O.M. a décidé un moratoire de 3 ans sur l’application de la redevance incitative (R.I.) en Périgord Noir. Cette décision est motivée par le fait que nous avons considéré ne pas être prêts, dans de bonnes conditions, au passage à la redevance incitative, trop d’incertitudes demeurant sur différentes questions tant techniques, que liées à notre spécificité touristique mais aussi financières.
Pour le moment, jusqu’en 2026, la T.E.O.M. adossée au foncier bâti, demeure chez nous.
Franck DUVAL : Cela ne veut pas dire que nous devons lever le pied. Au contraire, il nous faut finaliser, au plus vite, la mise en œuvre des conteneurs, diminuer nos dépenses de fonctionnement, accélérer fortement la diminution des déchets enfouis et l’augmentation du tri, aller vers plus de compostage. Mais aussi, généraliser la collecte de nos déchets par camion-grue.
Jérôme PEYRAT : Rendez-vous compte, en moyenne, chaque année, un Périgourdin jette plus de 286 kilos de sacs noirs. Or, ils sont principalement (80 %) composés d’éléments qui n’ont rien à y faire (matières compostables, verre, emballages ou papier…).
Il faut, au plus vite, changer nos comportements. C’est indispensable. Et comme je le dis parfois avec humour, « arrêtons de tout mettre dans le même sac ! ».
Franck DUVAL : Très honnêtement, avec un peu de vigilance ce n’est vraiment pas difficile. Si vous le permettez, un exemple personnel. Nous sommes trois à la maison. Entre le tri (de plus en plus important), le verre et le composteur (deux à trois seaux par semaine) et quelques visites en déchèterie par an, au bout du compte, nous ne produisons qu’un petit sac d’ordures ménagères par mois. A y regarder de près, que reste-t-il à mettre dans un sac noir ? Quasiment rien. Eventuellement les gros os, pour ceux qui en utilisent, les cotons tiges, de petits plastiques cellophane, quelques papiers très souillés… Bref, quasiment plus rien.
Question : En fait, à vous entendre, votre slogan serait « si chacun fait un peu, c’est beaucoup qui change » !
Jérôme PEYRAT : Exactement. Tous ensemble, faisons preuve de civisme, diminuons la part de nos déchets ultimes, limitons notre impact sur l’environnement.
Utilisons les points d’apports volontaires en respectant les consignes de tri, donnons aux associations de proximité des objets pouvant être réutilisés en seconde main, déposons les textiles dans les bornes prévues à cet effet, utilisons des composteurs, rendons-nous dans nos six déchèteries de proximité.
Un peu de bon sens, d’efforts, adoptons les bons comportements.
Franck DUVAL : Nos efforts ne sont pas vains. Notre tri, entre 2018 et 2022 a progressé de 50 %. Nos ordures ménagères, sur la même période, ont diminué de 15 %. C’est bien, mais nous devons aller plus loin !
Le S.I.C.T.O.M du Périgord Noir met tout en œuvre pour y parvenir. C’est ainsi qu’il a distribué, en cinq ans, 11 000 composteurs, gratuitement. Soit, 50 % des foyers du Périgord Noir. Il en reste 50 % à équiper !
Jérôme PEYRAT : Communiquer est une chose importante. Donner toutes les clefs tout autant. Mais, plus que tout, c’est la mobilisation de chacun qui sera déterminante. Pour cela, nous comptons sur tous les Périgourdins.
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