Une jeunesse au sacrifice ?

Selon un proverbe arabe, « deux choses ne s’apprécient bien que quand on ne les a plus : la santé et la jeunesse ».En 2020, notre pays a perdu la santé, ouvrant les yeux des français sur leur système médical, qu’ils pensaient être l’un des meilleurs du monde.En 2021, il est en passe de perdre sa jeunesse.

On a ainsi assisté, au fil des mois, à l’effondrement du système éducatif et de la valeur des diplômes. L’arrêt des établissements scolaires durant des mois, puis la généralisation de l’enseignement à distance, notamment à l’Université, ont provoqué une déscolarisation de masse. Les inégalités territoriales, qui étaient déjà criantes –n’en déplaise aux élites parisiennes ou des grandes métropoles- se sont scandaleusement creusées. Les stages et les embauches ont aussi été largement suspendus, ce qui a porté le taux de chômage des jeunes à 22,1 % en France contre 17,7 % en Europe.

La jeunesse, pourtant préservée de l’épidémie, se trouve ainsi surexposée à la crise éducative, économique et sociale. Les dommages psychosociaux se font jour, avec la multiplication des situations de détresse liées à l’isolement et à l’arrêt des emplois étudiants, des cas de dépression, des tentatives de suicide. Imaginez seulement un jeune dont les parents ont de faibles ressources, en troisième année de langues, seul, dans son petit 15 m², privé de job de serveur le week-end alors qu’il s’agit pour lui d’une ressource vitale, empêché de sortir, de voir sa famille, interdit de passer 1 heure à la piscine, seule source de distraction dans la semaine…

Force est de plus de reconnaître que l’avenir est lourdement compromis pour une génération qui devra tenter d’entrer sur le marché du travail alors que des secteurs entiers de l’économie sont à l’arrêt et durablement sinistrés –hôtellerie, restauration, tourisme, événementiel, culture, sport, commerce…- alors que les faillites et les plans sociaux vont de toute évidence se multiplier dans les prochains mois.

Les perspectives à moyen terme n’apportent aucun réconfort puisque la jeunesse de France aura pour tout héritage un système d’éducation et de santé naufragé, un appareil productif amputé, le fardeau d’une dette publique et privée insoutenable, les effets préoccupants des restrictions des libertés durant de très longs mois.

Disons-le avec force, la jeunesse doit être au centre de nos préoccupations, de nos politiques, de nos priorités, de nos initiatives. Elle doit occuper une place centrale dans le nouveau contrat social indispensable à la reconstruction de la France.

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