La laïcité a-t-elle perdu le Nord ?

Vous avez osé lancer des « Joyeux Noël » à tout va à vos interlocuteurs ? Oubliez. Il faut désormais évoquer « les fêtes de fin d’année » ou mentionner « les vacances d’hiver » expressions jugées plus « inclusives »…
En Décembre s’ouvre ainsi la chasse à la Nativité. Des ligues de vertu traquent les crèches dans les lieux publics tandis que les quelques élus qui ont succombé à la tentation de la tradition tentent d’abriter Joseph, Marie, le bœuf et l’âne sous la bannière « culturelle, artistique ou festive » exigée du Conseil d’État pour tolérer leur apparition.

Désormais, des profusions de « fêtes de l’hiver » et des bataillons de « Mère Noël » affublées de jogging s’emploient à rendre « la fin de l’année », « féerique », en se passant du soutien de la Sainte Famille . Au mystère, on préfère la magie ; aux Saints, les bonnes fées. Fêter Noël, mais sans Noël, ou encore remplacer « la Nativité par la créativité », selon l’expression de la Mairie de Nantes, bref inventer des réjouissances sans célébration : voilà le défi contemporain du moment.

Ce pays marche vraiment sur la tête… En revanche, personne n’a renoncé à « réclamer » à la Caisse d’Allocations Familiales « la prime de Noël » !!

Il y a quelques semaines, ce n’est pas une sournoise crèche (pardon, une étable) mais un tableau classique du XVIIème siècle, intitulé « Diane et Actéon », qui a suscité des cris d’orfraie.
En effet, un professeur de français a osé présenter à sa classe, pendant un cours consacré à l’art (!!), l’oeuvre d’un peintre italien, une illustration d’un passage des « Métamorphoses d’Ovide », qui est par ailleurs exposé au Louvre. Une partie des élèves s’est dite offusquée par la présentation de ces femmes en tenue d’Eve, un choc visuel incompatible avec leur religion, ont-ils protesté. Il n’en fallait pas plus pour que le professeur se voie accusé de provocation, de racisme, et d’islamophobie…

L’affaire a pris une tournure telle que les professeurs du collège concerné, échaudés par l’entrisme religieux dans leurs cours, ont exercé leur droit de retrait plusieurs jours, jusqu’à ce que le Ministre de l’Education Nationale intervienne, de manière très claire : « à l’école française, on ne conteste pas l’autorité, on la respecte. A l’école française, on ne conteste pas la laïcité, on la respecte. A l’école française, on ne détourne pas le regard devant un tableau, on ne se bouche pas les oreilles en cours de musique, on ne porte pas de tenues religieuses ». Un soutien loin d’être superflu, puisqu’en quelques semaines, et après cette réaction, le même Gabriel Attal est devenu la personnalité préférée des français… ?