Un second quinquennat, pour quoi faire ?
Emmanuel Macron a remporté son pari d’être le premier Président de la Vème République à être réélu en dehors d’une période de cohabitation. La performance est d’autant plus remarquable que son quinquennat a été frappé par les crises, des gilets jaunes à la guerre en Ukraine et l’interminable épidémie de covid-19.
Pour lui, cependant, le plus dur commence. La France émerge du scrutin plus éclatée que jamais, sans mandat clair pour les cinq années qui viennent, avec une assemblée éclatée, soumise aux gesticulations insensées des extrémismes. Tout cela, dans un environnement très dur, cumulant toujours la présence du covid, le basculement dans la stagflation, la montée des taux d’intérêt, le basculement de certains secteurs vers une économie de guerre, les risques de pénurie…
Désormais réélu, il appartient au Président de fixer un cap pour le pays et de définir une méthode de gouvernement qui permette d’obtenir l’adhésion des français, autour de 6 priorités fortes.
Moderniser. La France doit impérativement mettre un terme à quatre décennies de décrochage économique et social, avec pour effet la baisse de la croissance, la désindustrialisation, la dérive du déficit commercial, l’explosion de la dette publique qui atteint 2 813 milliards d’euros, la paupérisation larvée des français.
En toute logique, les crises ont vocation à être utilisées comme levier pour réorienter notre modèle vers la production, l’investissement et l’innovation, grâce à l’éducation et à la revalorisation du travail.
Stabiliser. Les chocs successifs ont souligné les ravages créés par la disparition des stratégies de long terme. Il est essentiel de rebâtir un modèle de développement durable. Il passe par le réalignement du capital humain, une meilleure distribution des richesses, la relance de la mobilité sociale, l’accélération de la transition écologique. Il implique aussi de garantir la soutenabilité des finances publiques afin d’éviter que la hausse des taux d’intérêt ne provoque un choc financier dévastateur.
Réarmer. Depuis l’agression de l’Ukraine, la France, en lien avec les autres démocraties, doit rétablir une dissuasion militaire efficace face aux empires autoritaires. Tout en limitant sa dépendance à la Chine, en matière de biens essentiels, à la Russie, en matière d’énergie, aux Etats-Unis, en matière de technologie. Mais aussi, en sécurisant nos approvisionnements, notamment pour les métaux stratégiques, les composants ou encore l’alimentation.
Choisir. Face à la multiplication des crises, mais aussi aux contraintes qui pèsent sur nos finances publiques, il conviendra d’effectuer des choix en rompant avec le « en même temps » et le « quoiqu’il en coûte ». L’Etat ne peut pas financer, c’est une évidence, la modernisation de son système éducatif, de la santé, de la justice, de la police… S’impose, de fait, une pédagogie des sacrifices.
Reconstruire. Il faut imaginer un nouveau mode de capitalisme et réinventer la démocratie. La France dispose de formidables atouts en matière de cerveaux et d’entrepreneurs, de pôles d’excellence, d’infrastructures, de recherche, de culture, de patrimoine…, stérilisés par la bureaucratie et la réglementation. Après des décennies de déconstruction – économie, société, système politique – il est temps de passer à la reconstruction.
Rassembler. Le véritable atout de la France, ce sont les français. Pour qu’ils retrouvent confiance en eux-mêmes et en l’avenir, il faut un souffle, une vision qui réinscrivent la France, au sein de l’Europe, en première ligne dans le combat pour la défense de la liberté politique.
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