Agriculteur : l’un des plus beaux métiers du monde ?

Même si elle reste l’un des plus beaux métiers du monde, qui permet d’être au contact de la nature, avec sa faune et sa flore, la profession d’agriculteur, aujourd’hui, n’est pas de tout repos.

Un exemple parmi d’autres : le rythme de travail hebdomadaire est loin, très loin, d’être celui des 35 heures légales et réglementaires !! Il avoisinerait plutôt le double, notamment pour les éleveurs, les maraîchers ou producteurs de fruits…

« Ce métier engendre beaucoup d’heures de travail » explique cet éleveur de brebis. « Certes, nous évoluons au grand air, mais au rythme de la météo. Même lorsqu’il pleut, vente ou neige, il faut accompagner le troupeau, assurer la traite ». Il s’est installé il y a plus de 30 ans. Il a vu son métier évoluer pour le meilleur mais aussi, parfois, pour le pire.

Sa principale cause de soucis, comme la quasi-totalité des agriculteurs : les contraintes réglementaires qui « ont explosé ». Beaucoup viennent de la commission européenne qui, en échange de l’enveloppe de 9,5 milliards d’euros qu’elle verse aux paysans de l’hexagone dans le cadre de la politique agricole commune (P.A.C.), exige des contreparties. Le pluriel n’est pas inutile !!

Dictés par des eurocrates –dans un esprit de plus grande équité entre les producteurs pour suppléer aux aléas du marché, des risques climatiques ou sanitaires-, d’autres critères plus récents ont été introduits, notamment dans le cadre de la protection de l’environnement.

Si les principes de cette politique publique de redistribution sont compréhensibles, la mise en pratique l’est souvent beaucoup moins pour nombre de paysans.

Ainsi, dans le cadre du verdissement de la P.A.C., accrochez-vous, il est par exemple interdit de traiter les cultures à moins de 5 mètres des cours d’eau, de fertiliser les blés avant la mi-février, d’avoir plus d’un certain nombre d’animaux dans les champs, de laisser une terre sans culture, de labourer des prairies naturelles… N’en jetez plus !

Toutes ces normes gonflent, se complexifient alors qu’une simplification serait indispensable. Chaque année, au printemps, les agriculteurs doivent remplir une déclaration P.A.C. de plusieurs dizaines de pages, au moment où de nombreuses personnes font la leur sur les revenus.

Elle détermine le niveau des aides –encore appelés droits à paiement de base (D.P.B.)- qu’ils toucheront en fin d’année. Le plus gros montant de ces D.P.B. dépend du nombre d’hectares exploités et font l’objet de contrôles extrêmement fréquents de l’administration.

Face à l’explosion de toutes ces contraintes, l’agriculture française s’est effondrée. Ainsi, la France fait désormais venir hors de ses frontières, plus de 60 % des fruits qu’elle consomme et 40 % de ses légumes. Et plus de la moitié de la viande consommée hors domicile provient de l’étranger.

Autrement dit, le secteur agroalimentaire, qui représentait l’un des fleurons de l’économie française, a vu ses performances s’effondrer. L’excédent commercial agroalimentaire a ainsi baissé de près de 30 % en dix ans, passant de 11,5 à 8,2 milliards d’euros en 2021. Un comble au pays de la gastronomie dont le repas est inscrit depuis 2010 au patrimoine immatériel de l’Unesco.

Le monde agricole, qui réclame des simplifications administratives, est tout simplement en train d’étouffer. Ceci, alors que d’ici à 2030, 48 % des agriculteurs pourront partir en retraite et plus de 5 millions d’hectares, soit près de 20 % de la surface agricole française, vont changer de mains.

Par ailleurs, pour assurer le renouvellement des générations, encore faudrait-il que le métier soit plus rémunérateur. Or, malgré les bonnes intentions affichées par les gouvernements successifs, les prix ne parviennent pas à faire vivre décemment nombre d’agriculteurs. Tant que le rapport de force dans les négociations commerciales leur sera très défavorable face aux industries, leur travail restera largement sous-valorisé.

Imaginez simplement : 390 000 exploitations agricoles et seulement 4 centrales d’achat.

Malgré ce tableau parfois rude de l’agriculture française, il existe de nombreux paysans heureux, qui, face à l’adversité, ont montré qu’ils étaient capables de retrousser les manches pour survivre dans un environnement souvent hostile.

Ingénieux, travailleurs, passionnés, ouvrant de nouvelles voies, ces nouveaux fermiers du XXIème siècle ne changeraient pour rien au monde de métier. Plus qu’un travail, c’est un choix de vie pour lequel ils ont opté en devenant paysan.

La crise sanitaire, les confinements successifs qui en ont découlé ont d’ailleurs conforté leurs orientations. Le virage du bio, la production du porc basque qui a failli disparaître, la recherche de circuits courts pour ses fromages de chèvre, la vente sur les marchés pour ce producteur de viande d’agneau… Autant d’exemples qui illustrent la diversité de l’agriculture française, la richesse de ses modèles, sa capacité à se réinventer.

Et comme les consommateurs sont de plus en plus friands d’aliments « made in France », issus de la richesse de ses terroirs et de ses savoir-faire, produits localement… Les français n’ont jamais autant plébiscité leurs agriculteurs : 96 % d’entre eux jugent le travail des agriculteurs indispensable à notre économie. Résultat : le métier de paysan jouit d’un capital image fort et attire de plus en plus de jeunes ou adultes en reconversion professionnelle. 2/3 des français considèrent d’ailleurs que « c’est un métier d’avenir et attrayant pour les jeunes ».

Agriculteur ? L’un des plus beaux métiers du monde vous dit-on …

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