L’agriculture française face à l’avenir

La « Ferme France » va-t-elle faire face à un véritable casse-tête ces prochaines années ? Un mur inexorable, qui ne cesse de se rapprocher : celui de la pyramide des âges. Avec 55% des exploitants agricoles âgés de plus de 50 ans, 45% des exploitants agricoles auront atteint l’âge fatidique de la retraite d’ici à 2026. Dans les fermes, les fins de vie professionnelle s’annoncent donc massives dans les cinq prochaines années.

La faiblesse des retraites agricoles retardant probablement les fins de carrière, le volume précis de ces départs reste cependant délicat à évaluer. Mais, la plupart des experts se rejoignent : entre un tiers et la moitié des producteurs agricoles français cesseront effectivement leur activité dans les dix années à venir.

Mais surtout, malgré un récent regain d’attractivité du métier, les installations ne compenseront qu’environ 2/3 des quelques 20 000 cessations d’activités par an.

La résolution de ce déséquilibre est donc fondamentale, à la fois pour éviter de voir chuter une production agricole française reconnue partout dans le monde, mais aussi pour préserver son modèle familial, que les gouvernements successifs ont fermement défendu. Notamment en tentant de limiter le remembrement des exploitations. Il faut dire que les français ne veulent pas d’élevages à plusieurs centaines de têtes de bestiaux. Ils sont, de plus, et les événements récents n’ont fait que conforter ce constat, incroyablement attachés à l’élevage territorial.

Les raisons de ce déséquilibre démographique ne sont pas nouvelles, mais se sont accélérées récemment sous le poids d’évolutions sociétales. D’abord, la difficulté d’un métier, qui, au siècle des 35 heures, n’a que marginalement vu baisser ses contraintes horaires. Surtout, les difficultés économiques de nombreuses filières rebutent bien des vocations. Pénalisée par la concurrence étrangère, la réduction du poids de l’alimentation dans le budget des ménages et les aléas météorologiques croissants liés au changement climatique, la rémunération des agriculteurs est en berne. Le métier est donc trop ingrat financièrement pour voir affluer les postulants. A cela se sont ajoutés d’autres freins sociétaux : les préoccupations grandissantes autour de l’environnement ont favorisé les remises en cause d’un modèle agricole pensé après guerre pour nourrir les français, à moindre prix.

Gardons espoir. La crise sanitaire a remis sur le devant de la scène le rôle stratégique des 400 000 agriculteurs de France, essentiel pour que le pays reste maître de son alimentation. Et elle a aussi redoré le blason d’un métier en phase avec les aspirations des néo-ruraux : retour aux origines, contact avec la nature, rejet de la vie citadine, reconversion professionnelle.

Reste à savoir si les leviers mis en œuvre pour susciter les vocations suffiront ? : revalorisation du métier d’agriculteur et relance de l’enseignement agricole ; l’organisation de rencontres pour rapprocher les candidats au départ et ceux à l’installation ; soutien financier aux nouveaux profils d’agriculteurs ; accompagnement technique et aide à la création de projets via des formations.

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