Une percée qui ouvre le temps des incertitudes

Eric Zemmour a beau se dire étranger au sérail de la politique, il use déjà avec le même aplomb de la ficelle la plus usitée par ceux qu’il appelle les  » professionnels de la candidature « , à savoir entretenir un vrai-faux suspense sur leurs réelles intentions. L’auteur de  » La France n’a pas dit son dernier mot  » aurait eu tort de se priver de cette coquetterie: dans cette longue précampagne, là ou tant de prétendants imputaient leur surplace dans les sondages au fait de ne pas s’être encore formellement déclarés, lui a effectué en quelques semaines une percée qui a surpris tout le monde par son ampleur sans être clairement candidat !!

Testé à 7% par un sondage Ifop de septembre dernier, le polémiste enregistre une poussée nette en étant crédité de 15% des intentions de vote en octobre. C’est clairement une percée inédite à six mois du vote de la part de quelqu’un qui n’appartient pas à la caste politique et qui n’est toujours pas candidat … De quoi donner des ailes à tous les vieux routiers de l’indignation qui défilent sur les plateaux pour dire tout le mal qu’ils pensent de l’intéressé.

Sans même s’en rendre compte, tous ces indignés forment la première ligne de l’équipe de campagne d’Eric Zemmour. Comme en son temps l’antitrumpisme à front de taureau ( on se souvient en particulier des ripostes cinglantes d’Hillary Clinton ) fut un providentiel levier médiatique et électoral pour le candidat américain, l’antizemmourisme outrancier est une des causes de l’envol du presque candidat dans les sondages.

La droite, en particulier elle puisqu’elle y perd de sérieuses plumes, ne peut s’en prendre qu’à elle même. Empêtrée depuis des mois dans d’assommantes procédures, elle est inaudible sur le délitement de l’autorité, la pression migratoire, la délinquance ordinaire, le déclassement économique du pays, les enjeux climatiques, la réduction des dépenses publiques, la pression fiscale … Ses électeurs tendent l’oreille, mais n’entendent rien d’autre que la disqualification morale de l’auteur du  » Suicide français »

Zemmour n’a ni parti, ni structure, ni équipe, ni programme, ni expérience du pouvoir, et son aventure politique a quelque chose d’abracadabrantesque. Pourtant, il exerce une attraction plus forte que tous les professionnels réunis. Feu de paille ou poutre qui travaille, son succès est d’abord le symptôme d’une défaillance politique collective.

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